Qu’il s’agisse simplement d’étendre la méthode Scrum, ou de développer un nouveau modèle opérationnel qui permette d’apporter plus de réactivité au sein d’organisations de grande taille, les frameworks « Agile at Scale » existant ne sont que rarement appliqués dans toute leur « pureté ».
De fait, un framework n’est pas une méthode mais bien un cadre de référence qui laisse une certaine marge de manœuvre. Leurs implémentations sont donc, par définition, des démarches expérimentales. Dans ces conditions, comment bien choisir son framework ?
3 questions pour guider son choix :
- Quel est le niveau de maturité de mon organisation en matière de méthodes Agile ?
- Ai-je besoin de mener des projets en cycle en V en parallèle de mes cycles de production Agile ?
- Ai-je besoin de grandes orientations ou bien d’un modèle très détaillé pour me guider dans la démarche ?
L’objectif : vers un modèle organisationnel et opérationnel agile
Au fur et à mesure qu’une organisation grandit, un phénomène bien connu survient : la complexité augmente et la performance opérationnelle diminue.
De fait, le passage à l’échelle des pratiques Agile (Agile at scale), concerne tant les start-ups en situation de croissance ou d’hypercroissance que les grandes entreprises à la recherche de réactivité face à l’accélération des évolutions du marché.
Il s’agit au fond d’une seule et même problématique qui consiste à développer ou conserver (selon le cas de figure), sa capacité à répondre au plus près des attentes de ses clients au travers de productions itératives et incrémentales.
L’objectif consiste en effet à trouver un modèle opérationnel qui permette de rester « agile » (au sens de « à l’écoute, réactif et pertinent ») en dépit des freins introduits par la taille de l’organisation (lourdeurs administratives, dysfonctionnement dans la communication, lenteur des prises de décision etc.)
Une démarche expérimentale
Inspiré du Lean management et des méthodes Kanban, le succès des pratiques Agile ne s’est pas démenti au cours des dernières années. Adaptés, à l’origine, à des équipes travaillant au sein de structures de petite taille, ces concepts ont commencé à être déployés sur des équipes de plus en plus nombreuses et à être considérés comme pertinents par des grandes entreprises et des multinationales.
Avec l’émergence de cette nouvelle dimension et la multiplication des expérimentations, de nouveaux frameworks sont apparus permettant d’adresser la problématique très spécifique du passage à l’échelle des pratiques Agiles : Scaled Agile Framework (SAFe), Large Scale Scrum, Disciplined Agile, Nexus…
De plus en plus nombreux sont aussi les retours d’expérience de la part des entreprises ayant engagé des démarches de ce type : Spotify, Amazon, Netflix, GE, ING, Axa France…
Mais aucun schéma type n’émerge à ce jour. Dans le fond, il n’y a rien d’étonnant à cela. Les frameworks sont, par définition, des cadres de référence destinés à fixer des grands principes et non pas des méthodes ou des procédures à implémenter. Par ailleurs les organisations de grande taille possèdent de nombreuses spécificités liées à leur industrie, leur métier, leur culture et leur histoire, avec lesquelles il faut composer pour mettre en place un modèle opérationnel Agile à grande échelle.
Comment bien choisir son framework ?
Les frameworks « Agile at Scale » ne sont pas élaborés « hors-sol », mais avec le concours de praticiens, experts de l’agilité. S’appuyer sur eux permet de bénéficier d’un cadre de référence, certes générique, mais éprouvé dans la vraie vie. Il existe donc des avantages certains à en prendre connaissance, car ils posent des principes structurants qui aident à piloter une trajectoire.
La matrice ci-dessous peut aider à éliminer les frameworks qui paraissent les moins compatibles avec le contexte organisationnel, en fonction de 2 critères :
- L’axe vertical présente l’amplitude de la couverture du cycle de vie. Un framework positionné en haut de l’échelle indique qu’il permet de couvrir tant les pratiques Agile que d’autres modèles (cycles en V, hybrides…).
- L’axe horizontal présente le niveau de détail avec lequel le modèle est décrit. Un framework positionné à droite est très « guidant » et réclame une maîtrise approfondie pour être implémenté.
Si l’organisation possède des ressources compétentes sur le sujet, par exemple dans le cas d’une entreprise ayant développé des savoir-faire Scrum au fil des années, un framework ad hoc peut tout à fait être élaboré en interne. Il reviendra alors en général aux praticiens les plus expérimentés d’initier ce travail tout en associant l’ensemble des stakeholders, et d’avancer sur la trajectoire de façon progressive, par itération et incrément.
3 questions directrices
Finalement, les 3 questions suivantes doivent pouvoir aider à identifier s’il est pertinent ou non de recourir à un framework externe et lequel ou lesquels privilégier.
- Existe-t-il dans mon organisation des équipes possédant un savoir-faire suffisant en matière de méthodes Agile pour contribuer à la conception d’un framework interne ? Si la réponse est oui, il peut être utile de prendre connaissance des frameworks existants et de s’en inspirer pour développer un modèle ad hoc.
- Mon organisation a-t-elle besoin de fonctionner en recourant à la fois aux méthodes Agiles, au projets conduits en cycle en V, et aux projets hybride ? Ou bien les modèles opérationnels peuvent-ils être relativement homogénéisés ? Certains frameworks se prêtent mieux que d’autres à la combinaison de modèles opérationnels hétérogènes.
- Ai-je besoin d’un framework qui me guide de façon détaillée ou plutôt qui me donne des grandes orientations et des principes activables, compte tenu de mon contexte organisationnel (niveau de maturité en méthodes Agile, niveau de motivation des équipes en faveur du changement, besoin de flexibilité dans la mise en place du modèle…) ?
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